La problématique de la recherche consiste à articuler deux défis de société de grande ampleur : les innovations sociales et le travail soutenable. D’un côté, les innovations sociales sont considérées comme une voie majeure pour relever les défis sociétaux contemporains, tels que le vieillissement de la population, le chômage, la crise du logement, les questions environnementales… dans une optique de développement durable et de modernisation des politiques publiques. Les innovations sociales sont toutefois exposées à leur difficile pérennisation et institutionnalisation. De l’autre, le monde du travail est de plus en plus exposé à des phénomènes inquiétants, tels que l’augmentation de l’épuisement professionnel, la fragilisation des parcours professionnel et la précarité des conditions d’emploi, dans un contexte de vieillissement de la population active. Face à ce phénomène, on parle de plus en plus de l’importance de garantir des conditions d’un travail soutenable qui permettent de renforcer et régénérer les parcours professionnels afin qu’ils puissent s’inscrire dans la durée.
Ces deux phénomènes se rencontrent dans notre projet à travers le prisme de la soutenabilité. La question de recherche est la suivante : Dans quelle mesure les innovations sociales intègrent une réflexion sur le « travail soutenable » dans leur conceptualisation, leur mise en œuvre et leur organisation ?
Le projet souhaite se centrer sur les innovations sociales en lien avec le travail social et qui articulent 5 caractéristiques :
– elles questionnent les pratiques de travail social, la posture professionnelle et le rapport à l’usager;
– elles visent à répondre aux besoins des publics dits « incasables » dont le profil ne relève d’aucun service existant;
– elles reposent sur la collaboration intersectorielle;
– elles impliquent d'”aller vers”, d’intervenir “dans le milieu de vie des usagers”, de se rendre “disponible dans les temps de vie des usagers”, et donc préférentiellement “hors les murs” de l’institution;
– elles mobilisent les usagers, qu’on les qualifie de bénévoles, d’experts du vécu, de pair-aidants, etc… ils sont invités à intervenir, à accompagner, à participer au même titre que les « professionnels ».
Trois grandes étapes sont prévues dans ce projet:
– Analyse des spécificités des innovations sociales à partir de 10 études de cas d’innovations sociales, se basant chacune sur des entretiens et des moments d’observation;
– Analyse des parcours de vie des individus sous le prisme du “travail soutenable” à partir de 30 récits de vie avec des participants à ces innovations sociales (travailleurs, bénévoles et/ou bénéficiaires);
– Analyse des pratiques de gestion et construction de pistes d’action à partir d’entretiens et d’intervisions avec les représentants des dix innovations sociales à l’étude.
Ce projet est financé par le FRHE (Financement de la Recherche en Haute École de la Fédération Wallonie-Bruxelles).